Logo

La Baisse Nocturne de la Tension Artérielle : Un Facteur Caché du Glaucome à Pression Normale

13 min de lecture
Article audio
La Baisse Nocturne de la Tension Artérielle : Un Facteur Caché du Glaucome à Pression Normale
0:000:00
La Baisse Nocturne de la Tension Artérielle : Un Facteur Caché du Glaucome à Pression Normale

La Baisse Nocturne de la Tension Artérielle : Un Facteur Caché du Glaucome à Pression Normale

Le glaucome à pression normale (GPN) est un type de glaucome où le nerf optique se détériore même lorsque la pression oculaire est normale. Dans le GPN, les experts estiment que le flux sanguin vers le nerf optique joue un rôle clé. La pression de perfusion oculaire (PPO) – soit approximativement la différence entre la tension artérielle dans les vaisseaux de l'œil et la pression interne de l'œil – est le moteur de ce flux sanguin. Si la tension artérielle chute trop bas, la PPO diminue et le nerf optique peut manquer d'oxygène (pmc.ncbi.nlm.nih.gov) (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). Normalement, notre tension artérielle baisse d'environ 10 à 20 % la nuit, ce qui est sain pour le cœur. Mais une baisse nocturne excessive (parfois appelée « over-dipping » ou « plongeon excessif ») peut être nocive pour l'œil (pmc.ncbi.nlm.nih.gov) (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). En termes simples, une très forte chute de la TA pendant la nuit peut priver le nerf optique de sang et accélérer la perte de vision.

Pression de Perfusion Oculaire : Pourquoi une Basse Tension Artérielle Peut Nuire à l'Œil

La PPO est comme le « carburant » sanguin de l'œil. Lorsque la tension artérielle systémique (la « pompe ») diminue ou que la pression oculaire (la « contre-pression ») augmente, la PPO chute. Des décennies de recherche montrent qu'une PPO chroniquement basse est liée au glaucome. Par exemple, de vastes études épidémiologiques ont montré que les personnes ayant une faible pression diastolique par rapport à la pression oculaire présentaient un risque de glaucome beaucoup plus élevé (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). Dans une étude, les sujets dont la PPO diastolique nocturne était inférieure à 55 mmHg présentaient plus de 3 fois le risque de glaucome (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). L'étude Early Manifest Glaucoma Trial a également montré que les patients atteints de GPN qui avaient une tension artérielle et une perfusion initiales basses perdaient la vision plus rapidement (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). En résumé : si la pression d'approvisionnement sanguin oculaire est faible (en raison d'une TA systémique basse), le nerf optique est vulnérable.

La Baisse Nocturne de la Tension Artérielle

La nuit, le corps se détend naturellement et abaisse la tension artérielle (généralement de 10 à 20 %). Chez les patients atteints de GPN, une baisse exagérée peut créer des problèmes. Si la chute nocturne dépasse environ 20 %, les médecins appellent cela un « over-dipping ». Dans une étude portant sur 54 patients atteints de GPN, la moitié (27/54) ont été classés comme « over-dippers » (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). Ces patients présentaient de très fortes baisses nocturnes de la pression artérielle moyenne. De telles chutes peuvent provoquer de grandes fluctuations de la PPO, déclenchant potentiellement de minuscules épisodes ischémiques dans le nerf optique (pmc.ncbi.nlm.nih.gov).

Les ophtalmologistes reconnaissent désormais les baisses extrêmes comme un signe d'alerte. Une revue systématique récente a noté que « l'hypotension nocturne et la baisse extrême de la TA nocturne sont des facteurs de risque pour le développement et la progression du glaucome à angle ouvert » (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). En d'autres termes, laisser la tension artérielle chuter trop bas la nuit peut directement endommager le nerf optique. Par exemple, une étude prospective sur le GPN a révélé que les patients dont la tension artérielle nocturne chutait d'environ 10 mmHg en dessous des niveaux diurnes présentaient une perte de champ visuel significativement plus rapide (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). Dans le GPN, chaque millimètre de mercure compte : une petite chute supplémentaire la nuit peut augmenter considérablement le risque de progression du glaucome (pmc.ncbi.nlm.nih.gov).

Preuves Issues de la Surveillance Ambulatoire de la Tension Artérielle sur 24 Heures

Pour bien cerner le problème, les chercheurs utilisent des moniteurs de tension artérielle ambulatoires sur 24 heures. Ces appareils enregistrent la TA de manière répétée jour et nuit. La surveillance ambulatoire a confirmé le lien entre les baisses nocturnes de la TA et la progression du GPN. Par exemple, Charlson et al. (2014) ont surveillé de manière prospective des patients atteints de GPN et ont montré que ceux souffrant d'hypotension nocturne perdaient significativement plus de vision en un an (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). Ils ont constaté que l'ampleur et la durée de la baisse nocturne prédisaient qui allait s'aggraver (pmc.ncbi.nlm.nih.gov) (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). En fait, l'équipe de Charlson a recommandé que la surveillance de la TA sur 24 heures « fasse partie de l'évaluation de routine » pour le GPN, surtout si un patient perd la vision malgré un bon contrôle de la pression oculaire (pmc.ncbi.nlm.nih.gov).

Une autre étude (Raman et al., 2018) a quantifié le risque : chaque diminution de 1 mmHg de la pression de perfusion oculaire diastolique nocturne (DOPP) augmentait le risque de progression d'environ 40 % (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). Les yeux avec une DOPP nocturne très basse (<35 mmHg) avaient plus de deux fois plus de risques de présenter une perte de champ visuel que ceux avec une DOPP plus élevée (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). Cela signifie que même quelques mmHg de chute supplémentaire peuvent doubler le risque. En bref, une TA nocturne basse prédit une progression plus rapide du GPN.

D'autres études confirment cela. L'une d'elles a montré que les patients atteints de GPN (en moyenne) ont une TA sur 24 heures et nocturne plus basse que les personnes atteintes de glaucome à haute pression ou les sujets sains (pmc.ncbi.nlm.nih.gov) (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). Les auteurs ont mis en garde que cette TA constamment basse « pourrait réduire la perfusion [du nerf optique] et pourrait être responsable de » la perte de vision dans le GPN (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). En pratique, tout patient atteint de GPN présentant une progression « inexpliquée » pourrait être un coupable de baisses nocturnes. Comme l'a conclu une revue, l'hypotension nocturne seule ou associée à de grandes fluctuations de la TA peut augmenter significativement le risque de lésions du nerf optique (pmc.ncbi.nlm.nih.gov) (pmc.ncbi.nlm.nih.gov).

Impact des Médicaments Antihypertenseurs Pris au Coucher

Un facteur clé des baisses nocturnes est le moment de la prise des antihypertenseurs. De nombreuses études axées sur le cœur ont montré que la prise de pilules antihypertensives au coucher accentue la chute nocturne de la TA – souvent souhaitable pour la protection cardiaque. Par exemple, Carter et al. (2013) ont noté que « l'administration d'agents antihypertenseurs au coucher réduit la tension artérielle pendant le sommeil et améliore le profil de baisse » (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). En d'autres termes, si un patient prend ses médicaments la nuit, sa TA nocturne chutera encore plus que s'il les prenait le matin. Cette stratégie peut réduire le risque d'accident vasculaire cérébral (pmc.ncbi.nlm.nih.gov), mais dans le GPN, elle peut exacerber la sous-perfusion du nerf optique.

Les ophtalmologistes doivent donc équilibrer les bénéfices cardiaques et les risques oculaires. Comme l'a souligné Pickering (2008), des études sur l'accident vasculaire cérébral du nerf optique (neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique) ont révélé que les patients prenant des médicaments antihypertenseurs la nuit avaient souvent des pressions nocturnes dangereusement basses liées à une perte de vision (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). Ses travaux (citant des données de la MATA) ont souligné que l'hypotension nocturne « pourrait contribuer » aux lésions du nerf optique, en particulier chez les patients sous antihypertenseurs (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). En pratique, cela signifie qu'un patient sous vasodilatateurs ou diurétiques puissants pris la nuit pourrait être un « over-dipper » par défaut.

Les lignes directrices débattent encore de la meilleure approche. De grands essais (Hygia, MAPEC) mettent en évidence les bénéfices cardiovasculaires de l'administration au coucher (pmc.ncbi.nlm.nih.gov), nous ne pouvons donc pas simplement conseiller à tout le monde d'éviter les médicaments nocturnes. Au lieu de cela, les patients atteints de GPN devraient être évalués individuellement. Si les champs visuels d'un patient s'aggravent et que la MATA révèle des baisses extrêmes, une modification de l'horaire de prise des médicaments devrait être envisagée – tout en maintenant la TA globale dans une fourchette sûre. Comme l'a noté une revue, si un patient présente une hypotension nocturne marquée, « un changement de traitement pharmacologique pourrait être envisagé » (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). En bref, déplacer une dose du soir au matin peut parfois protéger le nerf optique sans compromettre le cœur.

Collaborer avec Votre Équipe Soignante

La gestion conjointe du GPN et de la tension artérielle nécessite souvent un travail d'équipe. Voici un processus pratique pour les médecins et les patients :

  • Identifier les Facteurs de Risque. Les ophtalmologistes doivent noter si un patient atteint de GPN a une TA systémique basse, des symptômes d'hypotension (vertiges, évanouissements), ou si son glaucome s'aggrave de manière disproportionnée par rapport aux lectures de PIO. Vérifier si un antihypertenseur est pris la nuit.

  • Prescrire une Surveillance sur 24 Heures. Si la préoccupation est élevée, organiser une surveillance ambulatoire de la TA. Cela classera le patient comme dipper (baisseur), non-dipper (non-baisseur) ou over-dipper (baisseur excessif). Un « over-dipper » (forte baisse nocturne) est un signal d'alarme pour la progression du GPN.

  • Réviser les Médicaments. Si la surveillance confirme une hypotension nocturne, l'ophtalmologiste doit alerter le médecin traitant ou le cardiologue du patient. Ensemble, ils peuvent ajuster le traitement. Par exemple, une dose du soir d'un médicament contre l'hypertension pourrait être déplacée au matin, ou un médicament pourrait être échangé contre un autre qui abaisse la TA plus en douceur. L'objectif est de maintenir une tension artérielle globale sûre, tout en évitant de fortes baisses nocturnes.

  • Suivi et Re-vérification. Après tout changement, répéter la surveillance de la TA pour confirmer que les pressions nocturnes se stabilisent. Poursuivre les contrôles de glaucome (champs visuels, examens du nerf optique) pour voir si la progression de la maladie ralentit. Si les champs visuels se stabilisent, l'ajustement a probablement été bénéfique.

En pratique, même de simples changements peuvent aider. Si un patient prend un diurétique à action courte au coucher, le déplacer au matin peut atténuer la chute nocturne. Si le patient prend un relaxant vasculaire à action prolongée, un changement de dose pourrait être essayé. La communication est essentielle : l'ophtalmologiste fournit le tableau oculaire, et le médecin traitant/cardiologue s'assure que la tension artérielle reste globalement bien contrôlée. Cette cogestion garantit la protection de la vision et de la santé cardiovasculaire.

Liste de Contrôle pour les Cliniciens : Identifier les « Over-Dippers »

Les professionnels de la santé peuvent utiliser cette liste de contrôle pour repérer les patients à risque de baisses nocturnes excessives de la TA :

  • Examen des Médicaments : Le patient prend-il des antihypertenseurs la nuit (par exemple, des IEC, des ARA II, des bêta-bloquants, des diurétiques) ? Plusieurs médicaments nocturnes augmentent la suspicion.

  • Recherche de Symptômes : Interroger sur les vertiges matinaux, les maux de tête ou la vision floue au réveil. Le patient se réveille-t-il parfois avec une sensation de malaise ou de désorientation ? Cela suggère une TA nocturne basse.

  • Mesurer les Tendances de la TA : Comparer la TA en clinique avec les relevés à domicile du patient. Si possible, organiser ou examiner une étude de TA sur 24 heures. Rechercher une baisse nocturne ≥10–20 % (profil « over-dipper ») (pmc.ncbi.nlm.nih.gov).

  • État du Glaucome : Noter toute progression inexpliquée du glaucome. Si la couche de fibres nerveuses rétiniennes (RNFL) ou la perte de champ visuel s'aggrave malgré une PIO normale, considérer les facteurs vasculaires. Vérifier également les hémorragies ou encoches du disque optique qui peuvent parfois être corrélées à une faible perfusion.

  • Coordonner les Soins : Si un « over-dipping » est probable, le signaler au médecin traitant ou au cardiologue du patient. Recommander d'ajuster l'horaire des médicaments (par exemple, déplacer les doses au matin) et de réévaluer le profil de la TA. Assurer une communication claire afin que tous les médecins partagent le plan.

  • Éducation : Expliquer au patient pourquoi nous nous inquiétons de la TA nocturne. L'encourager à signaler tout nouveau symptôme (par exemple, sueurs nocturnes, rêves vifs, réveil avec des palpitations) qui pourrait indiquer des épisodes de basse tension artérielle.

Conseils aux Patients : Suivre Vos Symptômes

Les patients peuvent également aider à surveiller les signes d'hypotension nocturne :

  • Vérifier la Vision au Réveil : Faites attention à la façon dont vous percevez votre vision le matin. Y a-t-il une vision floue ou une obscurité qui s'améliore plus tard ? Avez-vous des maux de tête ou vous sentez-vous étourdi lorsque vous vous levez pour la première fois ? Notez-les dans un journal. De tels symptômes matinaux peuvent indiquer que vos yeux ont reçu trop peu de sang pendant la nuit.

  • Enregistrer la Tension Artérielle : Si vous avez un tensiomètre à domicile, prenez des mesures à différents moments : allongé quelques minutes juste après le réveil, puis assis après le petit-déjeuner, l'après-midi, et au coucher. Tenez un simple journal de la date, de l'heure et des mesures. Sur une semaine, vérifiez si votre TA est beaucoup plus basse la nuit que pendant la journée.

  • Noter les Heures de Prise des Médicaments : Notez précisément l'heure à laquelle vous prenez chaque pilule antihypertensive ou diurétique. Incluez les doses de diurétiques (par exemple, Lasix) qui peuvent abaisser la pression et l'hydratation. Cela vous permettra, à vous et à vos médecins, de relier les symptômes aux médicaments.

  • Tenir un Journal des Symptômes : Notez toute période de vision floue, de malaise ou de fatigue inhabituelle. Par exemple : « Jour X – réveil à 7h00 ; vision floue dans l'œil gauche qui s'est éclaircie vers 10h00. » Même des entrées simples aident le médecin à repérer des schémas. Notez également si vous vous réveillez la nuit avec un mal de tête ou le cœur qui s'emballe.

  • Communiquer les Changements : Partagez ces notes avec votre ophtalmologiste et votre médecin traitant. Si vous remarquez que votre champ visuel (comme le bord de votre écran d'ordinateur ou la lecture de mots) s'aggrave, ou si vos lectures matinales montrent des baisses (par exemple, TA tombant en dessous de 100/60), informez-en les deux médecins. Ils pourront ajuster les médicaments ou prescrire une surveillance de 24 heures.

  • Examens Réguliers : Poursuivez les examens de glaucome (champs visuels et imagerie oculaire) afin de détecter tout changement précocement. Mentionnez tout nouveau symptôme immédiatement plutôt que d'attendre le prochain rendez-vous.

En suivant vos symptômes et vos relevés de TA, vous fournissez des indices précieux. Par exemple, une TA matinale constamment basse ou des fluctuations de la vision peuvent indiquer des baisses nocturnes excessives. Partager cette information aide vos médecins à ajuster les soins cardiaques et oculaires pour protéger votre vision.

Conclusion

Dans le GPN, nous ne pouvons plus nous concentrer uniquement sur l'œil ; la tension artérielle compte aussi. La recherche montre que de fortes baisses nocturnes de la TA – qu'elles soient dues à une pression naturellement basse ou à des médicaments pris au coucher – peuvent réduire considérablement la perfusion oculaire et accélérer les lésions du nerf optique (pmc.ncbi.nlm.nih.gov) (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). Pour les patients, cela signifie discuter de vos profils de tension artérielle avec vos médecins. Des mesures comme la surveillance de la TA sur 24 heures et l'ajustement de l'horaire des médicaments ont montré qu'elles ralentissent la progression du GPN (pmc.ncbi.nlm.nih.gov) (pmc.ncbi.nlm.nih.gov). En travaillant ensemble – ophtalmologiste, cardiologue, médecin traitant et patient – nous pouvons détecter l'hypotension nocturne cachée. Ce travail d'équipe aide à maintenir la tension artérielle dans une fourchette sûre et garantit que le nerf optique reste bien perfusé. En fin de compte, surveiller la baisse nocturne peut être essentiel pour protéger la vision dans le GPN.

Vous avez aimé cette recherche ?

Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir les dernières informations sur les soins oculaires et la santé visuelle.

Prêt à vérifier votre vision ?

Commencez votre test de champ visuel gratuit en moins de 5 minutes.

Commencer le test
Cet article est fourni à titre informatif uniquement et ne constitue pas un avis médical. Consultez toujours un professionnel de santé qualifié pour le diagnostic et le traitement.
La Baisse Nocturne de la Tension Artérielle : Un Facteur Caché du Glaucome à Pression Normale - Visual Field Test | Visual Field Test